Bâti au 19ème siècle, cet ancien hôtel particulier du IXème arrondissement de Paris abrite derrière une façade d’inspiration haussmannienne près de 1.200 m² de bureaux répartis sur cinq niveaux. Situé dans un ancien faubourg, l’immeuble est à la lisière du quartier de la Nouvelle Athènes, lotissement au style néoclassique créé aux alentours de 1820. Des artistes comme Eugène Delacroix, George Sand, Alexandre Dumas, Victor Hugo, Camille Pissaro, Claude Monet ou encore Paul Gauguin y élurent domicile. C’est également ici qu’émergea, au cours du même siècle, le courant artistique Romantique, symbolisé aujourd’hui par la maison d’Ary Scheffer et son bien nommé Musée de la Vie Romantique.
C’est la grande époque du Paris des cafés, des bistrots et des cabarets où se croisent peintres impressionnistes, grands intellectuels et compositeurs (Satie, Ravel…). La scène de genre de L’Absinthe (Edgar Degas, 1875) témoigne de l’ambiance si particulière des troquets parisiens, véritables lieux de rencontres et d’inspiration pendant la révolution industrielle. Vers 1860, alors que les grands boulevards du Second Empire redessinent déjà la capitale française, bien des artistes prennent le chemin des Batignolles, de la Butte Montmartre ou de la Place Pigalle, rejetant l’académisme des quartiers jugés plus conventionnels et profitant de loyers moins onéreux tout en conservant une vue imprenable sur la ville.
C’est dans cette ambiance picaresque qu’un mode de vie alternatif va se développer. Maintes fois romancé à travers les films et les œuvres littéraires, « Le Paris Bohème » comme on le nommait, reste une période emblématique du folklore parisien.
Le 21 Bruxelles… sur les pas d’Emile Zola
Au 21 rue de Bruxelles, se trouve comme fil conducteur mémoriel, liant les différents espaces entre eux, un escalier témoin des pas d’un hôte d’exception : Emile Zola. L’écrivain et journaliste français, chef de fil du naturalisme littéraire, en foula les marches jusqu’à sa mort en 1902. Dans son appartement situé au rez-de-chaussée et au premier étage, il rédigea une lettre ouverte au président Felix Faure pour défendre l’officier Dreyfus. Son titre, « J’accuse… ! », est connu à travers le monde.
« Deux vérandas attenantes au bâtiment imprègnent les lieux d’un charme fou » nous confie Jean-Luc Katchoura, architecte sur le projet de rénovation du 21 Bruxelles. « On les remarque par leurs soubassements en brique et une structure métallique typique des ateliers parisiens. Il s’agit d’un véritable îlot de détente propice au bien-être et à la créativité. Imaginé pour les pauses ou les réunions informelles, cet espace extérieur est à parcourir et à découvrir au fil des saisons.
L’intimité de ce jardin de 100 m² répond à une architecture typique du XIXème siècle qui offre aux lieux une belle harmonie. Emile Zola, de son époque, en a fait une place centrale de la vie mondaine parisienne. C’est dans cet immeuble d’apparat qu’il organisait des fêtes où le tout Paris littéraire, politique et scientifique se retrouvait. Les gravures, boiseries, tentures et autres attributs que nous avons pu retrouver, témoignent d’une certaine opulence que l’on prête volontiers aux décors des Milles et Une nuits. Le mobilier et le décor ont malheureusement été démontés et revendus aux enchères après sa mort. La difficulté a donc été de préserver ce lieu chargé d’Histoire tout en répondant aux usages esthétiques et fonctionnels des bureaux contemporains.
Il nous reste de cette époque une baie avec deux colonnes en granit que nous avons conservé, ainsi que l’escalier en bois massif et son pilastre, éléments symboliques de cette rénovation. Démontés pendant les travaux et entièrement restaurés, ils retrouveront prochainement leur place d’antan.
Ce fut un véritable exercice de style pour notre cabinet que d’intégrer les normes techniques, sanitaires et esthétiques actuelles, tout en conservant une inspiration début XXème. Cela se retranscrit dans le choix des teintes, des luminaires, du carrelage, de la faïence et du parquet. »
L’immeuble a fait l’objet d’une complète restructuration, respectant la mémoire des lieux et modernisant avec une certaine audace, des espaces devenus plus fluides, plus confortables et propices à la collaboration. Un secret bien gardé que seules les cours parisiennes savent révéler.
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