La crise sanitaire apparaît comme un véritable accélérateur de tendances déjà émergentes en matière de mobilité. Pour répondre aux nouvelles aspirations et aux enjeux écologiques, l’écosystème du marché automobile tend vers davantage de solutions technologiques et alternatives afin d’offrir un maximum de flexibilité aux utilisateurs. Filiale de BNP Paribas, spécialiste de la location longue durée de véhicules et des solutions de mobilité, Arval accompagne justement ses clients sur l’ensemble de ces problématiques. Invitée à s’exprimer, Amélie Phélip, directrice de la mobilité chez Arval au niveau international, décrypte les évolutions du secteur et la mobilité du futur.

  • Pouvez-vous nous présenter vos missions avec Arval ?

Je travaille pour la direction marketing d’Arval et suis en charge des activités liées à la mobilité. J’accompagne ainsi différents pays à travers le monde sur le développement d’un certain nombre d’initiatives autour de la mobilité avec bien évidemment des niveaux de maturité différents d’un pays à l’autre. Des pays en Europe sont particulièrement en avance pour des raisons variables, que ce soit pour des caractéristiques propres au pays en matière d’infrastructures ou tout simplement par habitude. D’autres, moins matures en la matière, ont cependant tout autant de motivation et de velléité de développer des services de mobilité.

  • Quelles sont les différentes formes de mobilité émergentes en ville ?

De mon point de vue, la crise sanitaire du Covid-19 a permis une accélération d’un certain nombre de tendances déjà en marche. En effet, les grèves étaient venues bousculer considérablement les habitudes de déplacements en France par exemple. Aujourd’hui, avec les angoisses et le stress liés à la sécurité et à la distanciation sociale suite au confinement, de nouvelles habitudes se sont installées un peu plus durablement. Je pense à certains modes de déplacements qui ont connu un bouleversement assez important avec en tête le vélo, tendance déjà amorcée avant la crise sanitaire. Si le nombre de vélos et de trottinettes achetés en 2019 en France avait connu une très belle croissance, cette dernière s’accélère très fortement en 2020. Il s’agit d’un phénomène durable avec une explosion du marché attendue par de nombreux experts fin 2021 et au-delà. La mise en place de pistes cyclables un peu partout en Europe vient renforcer cette tendance avec notamment Milan et Bruxelles qui se dotent respectivement de 35 et 40 kilomètres supplémentaires. Selon un sondage réalisé par Opinion Way et AAA Data, le vélo apparaît d’ailleurs comme l’un des moyens de transport privilégiés par les Français dans la période post-confinement.

Cette ruée vers le vélo, mais également vers la voiture individuelle, s’explique par l’instauration de nouvelles aspirations chez les utilisateurs, qui tendent désormais vers davantage de sécurité. Il y a quelques temps de cela, nous analysions la mobilité sous trois angles : le coût, le temps de transport et le confort. Aujourd’hui nous constatons que d’autres facteurs entrent en compte. Les utilisateurs sont davantage tournés sur l’ordre émotionnel, avec la recherche du mode de transport le plus sécurisant pour leurs déplacements. Finalement, le ressenti et le sentiment personnel prennent l’ascendant sur l’aspect rationnel.

 

  • Observez-vous une évolution dans le comportement des employeurs face aux différents enjeux de mobilité ?

L’essentiel des déplacements concernent les trajets entre le domicile et le bureau. De leur côté, les employeurs sont de plus en plus concernés par les choix qui sont faits par les salariés en matière de mobilité. De nombreuses entreprises ont un souci global de préservation de l’environnement et sont ainsi soucieux de développer une stratégie plus RSE, plus concernée par la mobilité durable. Dans ce cas, ils participent aussi à orienter et aider les collaborateurs à choisir des modes de transport complémentaires à l’automobile et qui sont à la fois sûrs et qui participent à réduire les impacts sur le trafic et la pollution. Nous avons mesuré un rôle de plus en plus important joué par les employeurs dans la mobilité de leurs collaborateurs.

Via le baromètre annuel de l’Arval Mobility Observatory, chaque année nous interrogeons dans 20 pays plus de 5000 gestionnaires de flottes pendant plusieurs mois sur les grandes tendances, des mobilités alternatives à l’électrification. 64% des sociétés interrogées ont déjà mis en place au moins une solution alternative de mobilité pour leurs salariés. Parmi les plus populaires, nous retrouvons le co-voiturage et l’autopartage. Sur leurs intentions dans les trois prochaines années d’intégrer des solutions alternatives de mobilité, leur volonté est unanime en faveur de leurs collaborateurs. Il y a donc une préoccupation majeure des sociétés sur le sujet des déplacements domicile-travail.

A titre d’exemple, BNP Paribas Real Estate, afin de permettre à ses collaborateurs de s’inscrire dans un mode de mobilité plus responsable, a proposé en partenariat avec Arval diverses offres de location de voitures thermiques ou électriques/hybrides, et des remises exclusives pour l’achat de vélos électriques en partenariat avec Cyclez en France.

 

  • Face au nouveaux enjeux liés à la mobilité renforcés par la crise sanitaire, quels changements peut-on constater dans la mission des constructeurs automobiles auprès des utilisateurs ?

Depuis quelques temps déjà, les constructeurs automobiles ont affiché leur volonté de passer d’un rôle de fabricant à celui, comme Arval, de fournisseur de solutions de mobilité au sens large avec le développement d’une offre de services autour de la voiture. L’objectif est de garder le contact avec les clients finaux et de développer des revenus récurrents. Les enjeux liés à la mobilité et la crise sanitaire que nous traversons viennent renforcer cette volonté avec une contrainte budgétaire qui s’est accélérée. Sur le court terme et pour répondre aux enjeux de la crise sanitaire, des constructeurs ont développé des services digitaux à l’instar de la livraison de voitures sans contact. Certains vont aussi ajuster leur stratégie pour s’orienter par exemple sur l’hydrogène pour une vision à plus long terme.

 

  • Comment avez-vous accompagné vos clients pendant la crise sanitaire ? Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre programme post-Covid-19 « The journey goes on » ?

Notre activité a très largement été valorisée par nos clients tout au long de la crise sanitaire. Au-delà de la mise en place des mesures sanitaires appropriées avec des opérations sans contact qui répondent aux exigences, nous avons également lancé une campagne internationale post-Covid-19 « The journey goes on ». L’objectif est d’accompagner nos clients sur le retour des collaborateurs sur leur lieu de travail et les aider à relever les challenges post-confinement avec des solutions de mobilité flexible. Ainsi, nous proposons des locations sur des durées plus courtes. Par ailleurs, nous nous sommes également penchés sur des solutions technologiques afin de favoriser les services d’autopartage. Cela permet aux employés qui ne souhaiteraient plus prendre les transports de bénéficier d’une voiture pour la première semaine de retour au bureau par exemple. La même voiture, entièrement nettoyée, peut ensuite être mise à disposition des collaborateurs de l’équipe suivante si une rotation est mise en place par l’entreprise. Nous avons également lancé une offre de vélo de fonctions. Déjà existante en Belgique depuis un an, elle a été accélérée pendant le confinement. Le leasing de vélos électriques constitue une alternative sûre et écologique pour les déplacements quotidiens des employés résidant à moins de 15 km de leur bureau. Plus que jamais, cette offre vient répondre aux nouveaux besoins en matière de mobilité.

  • Comment les nouvelles technologies peuvent-elles encore venir révolutionner le secteur de la mobilité ? A quoi ressemblera la voiture du futur ?

 

Il existe un certain nombre de leviers et d’accélérateurs. Je pense essentiellement aux grandes métropoles qui imposent de nouvelles contraintes comme les péages ou les restrictions en fonction des motorisations. Tout cela pousse les acteurs du secteur automobile à faire évoluer leurs produits. Pour bénéficier des infrastructures intelligentes, les constructeurs doivent absolument faire évoluer leurs solutions de connectivité des automobiles. Cependant, ils sont aujourd’hui confrontés à une difficulté majeure en l’absence de standard sur le marché. A plus long terme, le sujet autour de la voiture autonome sera essentiel selon moi. Le jour où elle sera disponible et autorisée à rouler, le schéma actuel va être, à n’en pas douter, totalement chamboulé.

  • Dans quelle mesure le secteur automobile est dépendant des transformations de la ville ?

Les grandes villes leadent les sujets de transformation, à savoir comment récupérer de la data et optimiser les flux afin de permettre la régulation de la circulation. Un travail en bonne intelligence va s’installer avec l’ensemble de l’écosystème lié à la mobilité, c’est-à-dire les villes, les constructeurs automobiles, les loueurs, les opérateurs de micro-mobilité et au sens large les solutions de masse d’opérateurs publiques ou privés de solutions multimodales qui permettent d’offrir des choix multiples aux utilisateurs. Les constructeurs et les sociétés de location automobile comme Arval vont profiter de toutes les initiatives mises en place par les villes. La smart city est indispensable pour que nos solutions de mobilité multimodales soient pertinentes, alimentées par de l’information fiable. Cela participe à la structuration d’un écosystème où l’utilisateur va pouvoir bénéficier d’une expérience nettement améliorée en matière de mobilité.

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