Au cœur d’Issy-les-Moulineaux, l’ancien siège social de BFM et de RMC fait peau neuve. Construit en 2001 pour les besoins de son premier acquéreur, la chaine de télévision ARTE, le bâtiment a été ensuite occupé par BFM, puis réhabilité en immeuble de bureaux en 2021. Aujourd’hui, l’immeuble propose 8 400 m² répartis en 7 niveaux de bureaux et un rez-de-chaussée de services, et de 157 emplacements de stationnement privatif et d’un espace dédié aux vélos.

Juliette Adam, architecte d’intérieur, a été retenue pour mettre en valeur les espaces communs du rez-de-jardin

Elle revient pour BNPP RE sur ce projet hors du commun

 

Juliette Adam, a été formée à l’école de direction artistique, de communication et d'architecture intérieure, ESAG-Penninghen à Paris. Elle a ensuite travaillé en Belgique, une année, pour des restaurants concepts. De retour à Paris, elle travaille pour des hôtels étoilés. En 2020, elle remporte l’appel à projet lancé par Amundi et LBA Ingénierie pour faire la décoration d’intérieur du projet O12.

Quels étaient les enjeux majeurs liés à l’aménagement de l’immeuble O12 situé au 12 rue d’Oradour sur Glane à Issy-les-Moulineaux?

La réhabilitation des studios en bureaux comportait de nombreux défis. Il s’agit de deux espaces aux usages très différents et il fallait rendre les espaces propices à la création et au travail collectif. Nos enjeux principaux étaient d’apporter de la lumière naturelle, de décloisonner, et de créer de la convivialité entre ces murs.

Dans les studios d’enregistrement, la lumière demande à être réduite au minimum notamment pour permettre les captations vidéos ou encore pour protéger le matériel technique de la lumière du jour. Dans des espaces de bureaux en revanche, elle est essentielle pour le bien être des collaborateurs. Par ailleurs, les espaces étaient très cloisonnés avec notamment de petits locaux techniques. Notre objectif était donc d’ouvrir un maximum sur le jardin extérieur pour renouveler cet apport en lumière naturelle directe. Les nouveaux espaces, dessinés au prisme de l’utilisateur, se devaient d’être sources de bien-être et de qualité de vie au travail.

Comment cela s’est traduit concrètement dans vos choix de décoration ?

La demande de notre client, Amundi, consistait à recréer un espace convivial, propice aux échanges et permettant de recevoir clients et talents dans les meilleures conditions possibles. Nous avons ainsi très rapidement fait le choix d’ouvrir totalement l’accueil et le restaurant vers le jardin. Nous voulions que l'espace soit le plus fluide possible, nous avons donc choisi de gommer les éléments qui peuvent l'entraver par exemple les PNG (portiques de sécurité).

Alain Chastang, président de LBA Ingénierie, en charge de la rénovation architecturale du projet a fait le choix judicieux de remplacer une partie de la façade par une verrière pour un gain de luminosité. Le choix de déposer l’imposant escalier afin de gagner de l'espace a été déterminant. À partir de là notre idée de fluidité et d’ensemble a pu se mettre en place. Le choix de la décoration découle de cette envie d'espace ouvert. Nous voulions que les utilisateurs soient immergés dans une ambiance chaleureuse et détendue. L’accueil et le petit salon, ont été pensés comme dans un hôtel, avec pour fonction d'accueillir et d'informer bien sûr, mais aussi de réunir et de se détendre. Je voulais que l'on puisse s'y retrouver autour d'un café le matin ou d'un billard en fin d'après-midi.

Afin d'apporter de la chaleur au lieu, nous avons travaillé à partir de matériaux nobles, tel que le bois, et nous avons intégré de larges banquettes végétalisées pour donner une touche de douceur. Nous avons également travaillé sur l’intensité de la lumière, et multiplié les sources lumineuses par touche : des appliques, des tons chauds ou froids selon les espaces. Enfin, pour obtenir une atmosphère détendue, nous avons apporté un soupçon d'humour dans la décoration. L’idée était de libérer et de désencombrer l’espace et d’apporter de la fluidité dans les déplacements. Nous avons aussi cherché à créer une identité propre au bâtiment dans le but de séduire les futurs locataires et de renforcer leur adhésion au projet.

Pensez-vous que votre approche a été différente d’une approche classique ?

Ne venant pas de l’architecture de bureaux je n’étais pas forcément cantonnée aux standards, et je pense qu’il était intéressant d’apporter le regard de quelqu’un d’extérieur. J’ai eu la chance d’avoir des clients, notamment Capucine Dullieux, Asset Manager chez Amundi, ayant une vision bien définie et qui ont choisi de me faire confiance sur ce projet hors du commun. Je l’ai pensé comme un véritable lieu de vie avec un regard totalement neuf. J’ai travaillé avec une approche similaire à celle d’un hôtel ou d’un café dans la mesure où les interactions entre les collaborateurs étaient au cœur du procédé créatif.

Comment vous êtes-vous appropriée le sujet ?

L’approche historique est toujours très importante dans mes projets, je me renseigne en amont sur le passé du lieu. Nous avons choisi de garder volontairement certaines touches brutes de l’ancienne structure (poutre en acier, plafonds techniques apparents) et de les contrebalancer par des éléments plus "cosy". J'aime l'idée que les contraires s'attirent et se complètent. L'architecture est teintée d'éléments bruts mais l'expérience sensitive pour l'utilisateur se doit d'être enveloppante. Nous avons multiplié les textures douces, chaleureuses et naturelles. Nous avons travaillé avec les plus grand soins les détails et la cohérence entre les espaces. Par exemple, il n'y a pas de ruptures de sol entre les espaces, le parquet se retrouve dans tout le rez-de-chaussée et le rez-de-jardin. Les couleurs inspirées d'une palette naturelle sont coordonnées partout et l'on retrouve les mêmes matériaux dans chaque espace.

Nous avons également pris le parti fort de laisser apparent les éléments techniques du bâtiment et de les rendre esthétiques, cette simplicité brutaliste a demandé beaucoup de travail et de rigueur mais a participé pleinement à l’identité du lieu.

Le rez-de-jardin (RDJ) offre une salle polyvalente et modulable, pensez-vous que la modularité des espaces soit un enjeu pour les espaces de travail de demain ?

La pandémie le prouve, il est plus que jamais important de se sentir bien dans son lieu de travail. C’est un lieu de vie, on a besoin de reconsidérer ces espaces en tant que tel. Les collaborateurs ne sont pas là juste pour traiter un dossier et repartir, ils y nouent des amitiés, y font du sport, mangent et se détendent aussi… Pour moi ces zones d’échange sont les vrais enjeux du bureau de demain. Je ne crois pas au tout virtuel. Je reste persuadée qu’on est plus productifs et heureux dans l’interaction et que les espaces informels le permettent.

C’est d’ailleurs l’objectif de la salle polyvalente et modulable du rez-de-jardin. Nous ne souhaitions pas de rupture entre les zones de restauration, de détente et de travail. Elle peut être transformée en trois salles de réunions, en espace lounge ouvert sur le jardin paysagé, ou encore en salle de sport. Elle a été imaginée comme une pièce "à tiroir" qui se module en fonction des besoins individuels et collectifs des utilisateurs. Elle dispose de tous les équipements nécessaires, et a été décorée avec une palette de couleurs neutres de façon à accueillir cette modularité facilement. C'est à l'espace de s'adapter.

Je crois que le tout virtuel à ses limites. Je reste persuadée que l’on est plus productif et heureux dans l’interaction et que les espaces informels la favorise.

Juliette Adam
Architecte d'intérieur en charge du projet O12
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