Si l’annonce du déconfinement et la reprise du travail ont été annoncées, les entreprises doivent néanmoins faire preuve de prudence pour organiser la reprise de leur activité et l’accueil de leurs collaborateurs et clients dans les locaux professionnels. La crise sanitaire du COVID 19 a fortement impacté la santé économique des entreprises qui déclarent connaître un fort ralentissement de leur activité. Si des disparités existent au sein des différents pays européens, mais aussi des secteurs d’activité, cette crise semble laisser des traces de son passage. La stratégie immobilière des entreprises doit donc être réévaluée ; depuis la recherche de locaux, jusqu’à la gestion et l’usage opérationnel des locaux professionnels. Afin de comprendre au mieux ces nouveaux besoins et enjeux, BNP Paribas Real Estate a mené une enquête exclusive sur les utilisateurs de locaux professionnels à l’épreuve de la crise COVID19. Découvrez les premiers éléments de l’étude.

Un ralentissement logique de l’activité économique

 

74 % des sondés déplorent un ralentissement de leur activité économique, suite logique de la fermeture des lieux jugés non « vitaux » pour la nation pendant le confinement. Selon le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, le confinement aurait coûté près de 6 % de croissance annuelle du pays et estime que la crise sanitaire entraînera une perte de PIB conséquente sur l’année 2020.[1] Seules 4% des entreprises déclarent en effet avoir vu une accélération de leur activité durant la période du confinement.

Le PIB de la zone Euro s’est également contracté au premier trimestre de 3,8 % selon Eurostat, qui envisage un second trimestre encore plus conséquent. L’économie européenne semble ainsi connaître le plus fort ralentissement de son histoire moderne. Toujours en proie aux retombées de l’épidémie les différents secteurs devraient ainsi connaître de nouvelles contractions.

Fait optimiste toutefois, l’INSEE a d’ores et déjà indiqué une reprise économique liée au déconfinement. « À l’instar de l’activité économique, la consommation a rebondi au cours de la première semaine de déconfinement : elle se situe désormais à – 6 % par rapport à son niveau d’avant crise, contre – 32 % au début du mois de mai. Ce rebond d’environ 26 points de pourcentage s’explique par la réouverture de certains commerces et le retour à des habitudes de consommation ».[2]

Par ailleurs, l’indice PMI composite, qui fait état de l’activité des services et de l’industrie manufacturière est remontée à 31,9 en juin après être descendu à son record historique en mai de 13,6. La contraction de l’activité en Europe semble donc s’atténuer même si un retour à la normale reste loin.

Notre étude montre également que seulement 6 % des entreprises ont été à l’arrêt complet pendant le confinement et 16 % jugent que leur activité reste stable.

Des solutions variées pour assurer la continuité des activités 49 % des utilisateurs interrogés ont mis en place le télétravail afin d’assurer la continuité de leur activité. L’adaptation des espaces aura été un enjeu crucial pendant cette crise sanitaire. Avant le début de la pandémie de COVID-19, seuls 7 % des salariés français pratiquaient régulièrement le télétravail selon le Ministère du Travail. Une fois la crise passée et d’après notre étude, 78% envisagent le télétravail comme solution alternative. Un changement de mentalité qui confirme le succès du home office et prédit une hybridation des modes de travail. Une donnée confirmée par Jon Messenger, co-auteur de l’ouvrage intitulé Working anytime anywhere (Travailler n’importe quand, de n’importe où ) pour l’Union européenne qui confie à l’ONU que « Travailler plus près de chez soi, ou d’où on veut , comme dans des espaces de travail partagé, va se développer aussi ».

Cependant, le télétravail ne fut pas applicable à tous les métiers et à toutes les entreprises. On pense par exemple aux services informatiques fortement mobilisés pour mettre en place des outils opérationnels et ainsi dématérialiser l’activité des collaborateurs. Mais aussi aux employés de commerce de première nécessité, à ceux des usines ne pouvant stopper leur activité ou encore au secteur de la logistique… La pratique de l’activité partielle fut également une solution alternative pour faire face au ralentissement de l’activité à court terme. Les espaces de coworking, également sollicités, ont permis aux Français de limiter l’utilisation des transports en commun tout en assurant un cadre propice au travail à proximité de leur lieu de vie.

Le bureau : principal vecteur de lien social

 

54 % des utilisateurs interrogés estiment que les principales raisons du retour au bureau sont motivées par le contact humain. Les échanges professionnels avec les collègues, les relations directes avec leur manager et leur équipe et enfin une séparation plus distincte entre vie privée et vie professionnelle sont les autres raisons mentionnées dans ce sondage.

Le bureau reste en effet un lieu de rassemblement où l’échange informel permet de stimuler la créativité.  Lors d’une étude menée par l’IFOP pour BNP Paribas Real Estate auprès d’un échantillon de 1501 personnes représentatif de la population française pendant le confinement, les échanges professionnels avec les collègues (41 %), la distinction plus forte entre vie professionnelle et vie personnelle (28 %), ainsi que les outils de travail (27 %), manquent aux collaborateurs en télétravail.

Le télétravail est une évidence, mais à condition qu'il soit encadré et structuré. C’est ici que l'immeuble d'entreprise joue un rôle majeur et incontournable. Il reste un lieu de sociabilisation, de formation, de repères, d’identité et offre une augmentation technologique considérable. L’immeuble de bureau - et d’autant plus le siège social - est en quelque sorte la vitrine de l’entreprise, c’est un lieu où se croisent les collaborateurs, les prestataires, les clients, les alternants, les stagiaires, les nouvelles recrues… Il est un lieu d’attractivité pour les talents et les investisseurs ; un carrefour d’opportunités.

Sylvain Hasse
Sylvain Hasse
Head of Corporate Services chez BNP Paribas Real Estate

[1] Les Echos, 12 mai 2020

[2] La financepourtous.com d’après l’INSEE

[METHODOLOGIE]

La présente étude a été réalisée par les équipes de BNP Paribas Real Estate auprès d’un échantillon de 157 utilisateurs sur la période du 12 au 26 mai 2020. Ces entreprises, utilisatrices de locaux professionnels ont notamment été interrogées sur l’aménagement de leurs locaux, leurs projets immobiliers ou encore leurs relations avec bailleurs et property managers. Parmi les 157 personnes qui se sont prêtés à ce questionnaire en ligne, 45 occupaient la place de CEO/président, 30 celle de gérant, 20 celle de directeur immobilier et 15 celle de directeur administratif et financier. La part restante englobant des directeurs de communication, des directeurs logistiques, des directeurs de services généraux, des directeurs de ressources humaines, des directeurs des achats, des directeurs commerciaux, des consultants, des assistants commerciaux/de direction et des asset managers.