La biodiversité désigne, de façon très large, la variété du monde vivant. Cette diversité portée par le vivant désigne autant d’espèces, de gènes et d’habitats qui interagissent sur notre Terre. Il est donc très complexe de la quantifier et de la restreindre à une définition tant sa perception dépend d’une perspective donnée.  Elle peut être perçue à différentes échelles ; celle d’un immense biome comme la toundra et qui s’étend sur presque 12 000 000 km2 comme celle d’une petite marre au fond d’un jardin privé.  Elle est présente partout dans les villes, l’Homme en fait d’ailleurs partie intégrante et interagit de fait avec les autres espèces. L’écosystème dans lequel nous vivons est donc par définition un ensemble plus large, habité par toute une communauté d’êtres vivants.

Les villes occupent aujourd’hui 3 % de la masse continentale terrestre, produisent plus de 70 % de ses émissions de CO2 et consomment entre 60 à 80 % de l’énergie mondiale [1]. Il devient donc urgent de retrouver cet équilibre pour la préservation de l’Homme et de l’environnement duquel il dépend. Si la responsabilité implique tous les secteurs, l'urbanisme et l’immobilier doivent s’interroger sur les espaces et les réceptacles dédiés à la biodiversité, tout en permettant un développement durable de l’activité économique. 

Comprendre les raisons pour surmonter la crise

L’intensification de l’activité humaine, couplée à la hausse démographique ont, depuis l’ère industrielle, provoqué l’accroissement rapide de l’érosion de la diversité des espèces. Par la surexploitation de certaines ressources et une artificialisation massive de nos lieux de vie, des boucles naturelles formées sur plusieurs centaines de millions d’années se sont déréglées. Ces perturbations se sont également traduites par d’autres phénomènes tangibles et mesurables comme le changement climatique...

Sur les huit millions d'espèces végétales et animales terrestres, un million pourraient disparaître dans les prochaines décennies selon un rapport de l'ONU[2]. Le livre de la journaliste Elizabeth Kolbert, La Sixième Extinction, relate les raisons de cette menace confirmée par la grande majorité de la communauté scientifique. À la différence que, cette fois, nous sommes seuls responsables de ce qui se produit. D’après une étude publiée en juin 2013 dans Science Advances, le taux d’extinction des espèces pourrait être 100 fois plus élevé que lors des précédentes extinctions massives – et encore, ne sont pris en compte que les animaux dont nous avons une bonne connaissance”.[3] Les conséquences pour l’Homme sont directes puisqu’elles risquent d’impacter directement la production de denrées alimentaires et provoquer in fine, la disparition des chaînes d’approvisionnement. Un certain nombre de chercheurs pensent également que la destruction de la biodiversité créer les conditions nécessaires à la propagation de nouvelles pandémies comme le Covid-19. Les pathogènes s’adaptent à un nouveau milieu du fait de la raréfaction de leurs hôtes naturels, conséquence directe de l’artificialisation. Ainsi, animaux domestiques et êtres humains se trouvent être de nouvelles cibles à mesure que les zones urbaines s’étendent[4]. La fondation pour la recherche sur la biodiversité nous informe que déforestation, changements environnementaux globaux, érosion de la biodiversité, développement des infrastructures, multiplication des échanges et étalement des zones urbaines, sont des facteurs favorisant l’émergence de maladies infectieuses et contribuent au passage de certaines zoonoses à des pandémies. [5]

La destruction et la fragmentation des habitats, l’étalement urbain, la surexploitation des ressources naturelles, les pollutions, la prolifération des espèces invasives (dont le transport maritime est un important vecteur) sont autant de raisons qui remettent en cause les services écosystémiques, piliers de notre développement et de nos modes de vie. On distingue par ailleurs quatre types de services écosystémiques : les services d’approvisionnement (nourriture, fibres textiles, combustibles, matériaux, médicaments), les services de régulation (climat, inondations, pollinisation…), les services socioculturels (relation Hommes-Nature, aspects esthétiques, éducatifs, spirituels, culturels…) et enfin les services de support (nécessaires à la production des autres services : formation de sols, cycles de l’eau et des nutriments…). Il est difficile d’évaluer la valeur marchande de ces services (en ont-ils seulement une ?). Une étude menée par l’INRA-CNRS [6] et publiée dans la revue Ecological Economics a toutefois déterminé que la valeur de l'activité pollinisatrice des abeilles était d'environ 153 milliards d'euros en 2005, et ce seulement pour les cultures dont l’être humain se nourrit. Ce que fournit la nature est donc tout simplement incommensurable, sa préservation apparaît incontestablement comme un enjeu majeur.

L’immobilier au cœur des dispositifs pour bâtir un monde durable

D’après les chiffres de l’ONU, près de 70% de l’humanité vivra en ville en 2050, la ville est plus que jamais concernée par la mise en place de dispositifs concrets et réglementés. Acteur du changement au cœur des stratégies de développement durable, le secteur immobilier a longtemps participé à l’altération et la destruction des milieux naturels. « Il fait d’ailleurs partie des quatre filières prioritaires du Plan National Biodiversité édicté par le gouvernement, appelant à réduire considérablement l'empreinte biodiversité et atteindre un objectif de zéro artificialisation nette » [7]

Cela passe par différents leviers d’actions : études écologiques sur les terrains avant construction, intégration des espèces en danger, préservation des écosystèmes fragiles, reconnexions aux trames vertes et bleues, utilisation de matériaux biosourcés/réemployés et si possible de proximité, implantation d’éléments naturels dans le design, entretien écologique des espaces verts, espaces dédiés à l’interaction entre la nature et les futurs occupants… Car les bienfaits de la nature ne sont plus à prouver, être à son contact favorise le bien-être, réduit le stress et favorise même la créativité [8].

Dans une étude menée en 2015 par Sir Cary Cooper pour l’université de Manchester [9] sur l’impact de la « biophilie au travail », on apprend que la satisfaction des employés au bureau augmente de 40% en présence d’éléments naturels, ce qui a pour conséquence d’améliorer leur bien-être, leur productivité et leur efficacité.  

D’après Pierre Darmet, ancien secrétaire général du CIBI (conseil international biodiversité et immobilier), « il est indispensable de tenir compte de trois facteurs interconnectés : la quantité d'espèces qui peuvent profiter de l'action mise en place, mais aussi la qualité du milieu dans lequel on s'insère et sa connexion avec d'autres espaces verts dans le cadre de continuités écologiques. Ainsi, un immeuble au centre de Paris n'aura pas le même impact qu'une construction en milieu périurbain ou rural. Il faut donc d'abord bien choisir les espaces à urbaniser et éventuellement compenser, par exemple via la débétonisation de friches voire la création de forêts. Il s'agit ensuite de trouver des solutions spécifiques à chaque lieu afin d'y implanter un maximum d'espèces différentes et si possible de connecter cet îlot avec d'autres dans le cadre d'une trame » [10].

La loi biodiversité d'août 2016 précise que les mesures de compensation des atteintes à la biodiversité visent un objectif d'absence de perte nette, voire de gain de biodiversité. Les projets immobiliers se doivent non seulement de préserver, mais aussi de développer la nature au sein des villes. On a vu ainsi fleurir des fermes urbaines, des parcs, des jardins, des friches, des bâtiments végétalisés, des abris, des espaces partagés, des zones sanctuarisées… Les initiatives sont nombreuses, menées avec les pouvoirs publics et les habitants des quartiers concernés.

Certains acteurs historiques du secteur ont déjà pris des mesures très concrètes menées par des stratégies RSE ambitieuses en vue d’atteindre, entre autres, les 17 Objectifs de Développement Durable adoptés en 2015 par l’ONU. Le onzième a d’ailleurs pour but de créer des villes plus solidaires et résilientes. De nombreux labels comme BiodiverCity permettent de créer de solides référentiels adaptés aux projets immobiliers. Pour exemple, la filière Certivéa du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) propose d’accompagner les acteurs du bâtiment et de l’immobilier dans la progression de leurs performances durables en construction, rénovation et exploitation ainsi que dans leurs projets d'aménagement et d'infrastructures. Son président Patrick Nossent estime par ailleurs que le monde post-covid est une opportunité à saisir pour repenser la ville comme « un refuge face aux chocs sanitaires ou climatiques» [11]. Il liste cinq leviers vers lesquels investir durablement : Bâtir des infrastructures durables (immeubles, mobilités…), diminuer les émissions de CO2, systématiser les rénovations énergétiques, privilégier les circuits courts et l’économie circulaire, enfin intégrer le numérique responsable pour réguler la consommation d’énergie (smart buildings) et mieux partager les espaces.

C’est dans cette même démarche que BNP Paribas Real Estate a pris l’initiative d’intégrer la biodiversité dans toutes ses activités avec une feuille de route et des outils opérationnels pour mieux la prendre en compte tout au long du cycle de vie du bâtiment (conception, chantier, exploitation, rénovation). Se dotant d’une charte d’engagements biodiversité pour l’ensemble de ses métiers dans toute l’Europe, le groupe liste 7 objectifs concrets dans la conduite de cette transformation [12].

 

 

  1. Préserver, restaurer et développer la biodiversité en l’intégrant dans nos offres de produits et services dès la conception
  2. Accompagner nos clients dans le développement et la prise en compte de la biodiversité dans leurs sites et actifs en exploitation
  3. Valoriser la performance biodiversité de nos opérations via labels et certifications
  4. Mobiliser et engager nos collaborateurs en développant une culture et une expertise biodiversité
  5. Sensibiliser nos clients et parties prenantes aux enjeux de la biodiversité
  6. Contribuer aux initiatives et travaux de la profession en matière de biodiversité
  7. Mesurer, suivre et rendre compte de nos actions.
     

« Nos modes de vie et de travaillent changent. La ville doit s’adapter à ces évolutions en impliquant l’ensemble de ses acteurs, qu’il s’agisse de concevoir des bureaux et logements, de participer à la vie économique et sociale des territoires où nous intervenons, de développer les compétences de nos collaborateurs, ou de soutenir le handicap et encourager la diversité. À ce titre, la RSE est un facteur d’innovation et de performance économique pour nos clients, partenaires et nous-mêmes », affirme Catherine Papillon, Directrice Développement Durable / RSE chez BNP Paribas Real Estate.

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