Alors que le confinement a pris fin le 11 mai dernier, il est temps de s’interroger sur les schémas urbains pensés pour la mobilité. Entre doutes et angoisses, de nombreux Français reprennent progressivement le chemin du travail. Dans un contexte de limitation de déplacements, distanciation sociale ou bien encore de mise en place de gestes barrières pour limiter la propagation du virus, la fréquentation des transports en commun ne rassure pas la population, notamment en Ile-de-France. Alors existe-t-il des solutions alternatives pour se déplacer dans de meilleures conditions de son domicile à son lieu de travail ? Quelles réponses apportent les entreprises à leurs collaborateurs ? Les professionnels de l’immobilier doivent-ils inclure de nouveaux paramètres dans la construction de leurs programmes immobiliers ? C’est tout l’enjeu au cœur des zones urbaines.
Reconsidérer la mobilité urbaine
Associée à la mobilité durable, jugée moins nuisible pour l’environnement, et réunissant la marche à pied, les vélos, les transports en commun, le covoiturage, les véhicules au gaz électrique ou encore les véhicules autonomes, la mobilité douce apparait aujourd’hui comme une tendance de fond. Si la crise sanitaire l’a révélée aux yeux de tous, celle-ci fait partie depuis plusieurs années déjà, des préoccupations des pouvoirs publics, entreprises et professionnels de l’immobilier. Tous œuvrent conjointement à la création de nouvelles urbanités et d’une mobilité plus responsable avec pour objectifs de désengorger les axes et de créer de nouveaux flux, de désenclaver certains quartiers ou secteurs en les connectant aux centres-villes, ou encore d’agir contre la pollution et les gaz à effet de serre.

Selon la dernière Enquête globale transport menée par l’Observatoire de la mobilité en Ile-de-France, la marche à pied est le premier mode de déplacement en France, avec 17,2 millions de déplacements réalisés quotidiennement. Elle connaît même une forte croissance en 2018 avec une progression de 9 % supplémentaire par rapport à 2010, particulièrement à Paris. Le vélo n’est pas en reste avec 840 000 déplacements au total, soit un tiers de plus qu’en 2010. Le nombre de vélos est comptabilisé à 3,7 millions en Ile-de-France.
Si la voiture individuelle reste le moyen de transport privilégié par la majorité des Français, la crise sanitaire du Covid-19 pourrait accélérer la transition vers une mobilité plus douce, et notamment du vélo... à condition que les infrastructures se développent dans les villes et ce jusqu’aux portes des entreprises. En effet, cette nouvelle mobilité s’impose naturellement comme la solution aux problématiques sanitaires et écologiques que nous rencontrons. Et si nous en étions au point de départ d’une prise de conscience collective concernant des villes encore trop peu pensées au profit des mobilités partagées ? Plus que jamais en cette période de crise sanitaire, tous les espaces réservés habituellement aux stationnements, privés comme publics, ou les trottoirs trop étroits peuvent s’avérer inadaptés au contexte.
Ainsi, les mobilités piétonnes et douces sont en cours d’implémentation dans la réappropriation des berges et des espaces urbains. « Plusieurs capitales européennes à l’instar de Paris ou Bruxelles profitent par ailleurs de cette crise pour reconsidérer leurs flux et élargir leurs pistes cyclables », confie Séverine Chapus, Directrice du développement de grands projets mixtes chez BNP Paribas Real Estate.
Voiture individuelle, transports en commun… Vers des mobilités alternatives ?
Alors plus concrètement, comment agir pour installer durablement de nouveaux réflexes et œuvrer pour une mobilité plus douce et partagée ? Il en va de la responsabilité de tous les acteurs, qu’ils soient publics, privés ou individuels, d’agir aujourd’hui de façon très concrète.
Les professionnels de l’immobilier ont déjà pris acte de ce changement nécessaire. Les pieds d’immeubles opèrent peu à peu leur mue pour accueillir notamment des parcs de vélos et vélos électriques, de bornes de recharge pour voitures électriques, de véhicules en autopartage… C’est notamment le cas de l’emblématique programme 17&Co, Porte de St-Ouen, qui a remporté l’appel à projet Réinventer Paris. Il intègre au parking public existant un hub de mobilité. Ces packs de mobilité s’imposent aujourd’hui dans les projets immobiliers.
« Dans les cahiers des charges, les pouvoirs publics nous demandent des solutions de mobilité mais c'est à nous d'identifier lesquels sont les plus adaptés », indiquait Kevin Cardona, directeur de l'innovation de BNP Paribas Real Estate dans les colonnes des Echos en septembre 2018.
Les solutions de mobilité douce sont ainsi fortement encouragées par le gouvernement et les pouvoirs publics qui incitent les acteurs de la mobilité au sens large à repenser leurs projets. Après la Loi d’Orientation des Mobilités qui a été promulguée le 24 décembre 2019 et qui a pour but de « réformer en profondeur le cadre général des politiques de mobilités », d’autres initiatives se mettent en place pour répondre aux enjeux de la crise sanitaire. Si des pistes cyclables temporaires fleurissent dans les grandes métropoles urbaines, certaines municipalités font aussi le choix de prendre des décisions à plus long terme à l’instar de la région Ile-de-France qui augmente son budget vélo de 300 M€ pour le réseau cyclable. Le phénomène s’accélère.

Dans la perspective de la sortie progressive du confinement, Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, et Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’Etat aux Transports, ont aussi cherché à développer la mise en place du « forfait mobilités durables » prévu dans la loi d’orientation des mobilités. Ce forfait offre aux entreprises la possibilité de prendre en charge jusqu’à 400 euros des frais de déplacement de leurs salariés en vélo, en covoiturage ou encore en véhicules disponibles en free-floating. « Cet encouragement financier individuel peut être décisif au moment où nous développons des pistes cyclables ou des voies réservées au co-voiturage », assure Elisabeth Borne dans les colonnes de Capital.
Le « forfait mobilités durables » permet aux employeurs privés de prendre en charge de manière facultative les frais de déplacement de leurs salariés sur leur trajet domicile-travail effectué avec des modes alternatifs à la voiture individuelle : le vélo, le covoiturage, les véhicules en location ou en libre-service (comme les scooter et trottinettes électriques « en free-floating »), les véhicules électriques, hybrides rechargeables ou hydrogène en autopartage ou bien encore les titres de transports en commun (hors abonnement). Les entreprises peuvent néanmoins opter pour proposer des services différents ou complémentaires selon leurs partenariats et les besoins de leurs salariés. Pour exemple, BNP Paribas Real Estate, afin de permettre à ses collaborateurs de s’inscrire dans un mode de mobilité plus responsable, propose en partenariat avec Arval diverses offres de location de voitures thermiques ou électriques/hybrides, et des remises exclusives et une livraison gratuite pour l’achat de vélos électriques en partenariat avec Recyclez.
L’enjeu réside donc plus que jamais dans l’utilisation des modes alternatifs à la voiture individuelle et aux transports en commun afin d’éviter la propagation du virus, mais également de répondre aux critères du développement durable.
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