Plus que jamais, la responsabilité environnementale des entreprises devient prioritaire. Les directives et recommandations européennes se multiplient, à l’instar des accords de Paris et des objectifs de développement durables définis par l’ONU dans le but de concevoir et de vivre une ville plus résiliente. Le secteur du bâtiment en tant qu’émetteur important de Gaz à Effet de Serre (GES) possède différents leviers d'action. L’avenir de la construction durable est aussi de faire mieux avec moins grâce à une approche sobre, une forte utilisation des ressources locales et le réemploi des matériaux. Alors, concrètement quelles sont les solutions pour respecter au mieux l’environnement tout au long du cycle de construction ?

Les matériaux biosourcés au cœur des projets de construction et de rénovation

 

Le sujet de la réduction des émissions de gaz à effet de serre s’impose naturellement comme un enjeu central pour de nombreuses entreprises à l’image de BNP Paribas Real Estate. En France, le secteur du bâtiment génère chaque année environ 70% des déchets nationaux soit plus de 220 millions de tonnes de déchets pour la construction dont plus de 40 millions de tonnes pour le secteur bâtiment gros œuvre et second œuvre selon un rapport publié par ADEME en 20201. Ainsi, pour répondre aux nombreux enjeux liés à l’environnement, les matériaux et isolants biosourcés se démocratisent dans les projets de construction et rénovation.

On dispose de plusieurs leviers pour réduire ces gaz à effet de serre, notamment au moment de la construction en choisissant des matériaux biosourcés, recyclés ou réemployés.

Photo Catherine Papillon
Catherine Papillon
Global Head of Sustainable Development / CSR

La ministre la transition écologique, Barbara Pompili et la ministre déléguée auprès de la ministre de la transition écologique, chargée du logement, Emmanuelle Wargon, ont d’ailleurs présenté le 22 juillet en Conseil des ministres, un projet de loi qui a pour but de permettre aux porteurs de projets de choisir les techniques de construction et matériaux jusqu’au démarrage des travaux. L’objectif est de faciliter l’amélioration de la performance énergétique des logements existants comme neufs.

Le 5 février dernier, Julien Denormandie alors ministre chargé de la ville et du logement avait déjà dévoilé un programme d'actions à mener pour une ville durable [1]. Parmi elles, il impose aux établissements publics d'aménagement (EPA) de construire des bâtiments avec au moins 50% de bois ou de matériaux biosourcés. « Ça ne peut pas marcher que par la contrainte. Faire une ville est un acte démocratique et il nous faut mettre en place une dynamique sur ces questions entre élus locaux et citoyens notamment », précise l’intéressé dans des propos rapportés par l’AFP.

A l’échelle européenne, un plan d'action global est au cœur du pacte vert pour l’Europe, véritable feuille de route de l'Union vers la neutralité climatique. La Commission Européenne va œuvrer durablement afin de promouvoir les principes de circularité tout au long du cycle de vie des bâtiments. Ainsi, elle proposera de réviser le règlement sur les produits et inclure de nouvelles exigences sur le contenu recyclé [2].

« Le marché des matériaux biosourcés employés dans le bâtiment affiche déjà plus de 15 % de croissance annuelle en volume, et cette tendance devrait s’accélérer », a indiqué Yves Hustache, responsable de l’innovation au cabinet d’études Karibati, lors d’une rencontre avec la presse à l’été 2019 [3].

Ce marché est porté par la création d’un label « produit biosourcé » depuis 2017 et qui fixe par famille de produits un pourcentage minimum de matière première issue de la biomasse à intégrer au matériau (70 % pour les isolants semi-rigides et 30 à 50 % pour les bétons biosourcés). La loi Elan sur l’Evolution du logement, de l’aménagement et du territoire (ELAN), promulguée fin 2018, ajoute des exigences liées à la limitation de l’empreinte carbone. Enfin, la réglementation environnementale RE 2020 intègrera des exigences liées au stockage du carbone au sein des matériaux.

L’économie circulaire en plein développement

 

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« Les matériaux sont beaucoup plus impactant que la manière de concevoir le bâtiment ou bien même que l’énergie », assure Catherine Papillon. Le choix des matériaux doit se faire en fonction de l’impact et du poids carbone qu’ils peuvent avoir tout en préservant leur performance. Le meilleur matériau reste celui qu’il n’est pas nécessaire de produire une nouvelle fois et qui conserve toutes ses qualités techniques initiales. C’est là tout le concept de l’économie circulaire. Du béton concassé par exemple, peut être utilisé pour faire le sol d’un autre bâtiment. Le concept du Cradle-to-Cradle quant à lui, appelle à concevoir chaque produit de telle sorte qu’il soit recyclable et/ou biodégradable à l’infini.

Depuis 2016 l’association Circolab, dont BNP Paribas Real Estate est membre au même titre que de nombreuses autres parties prenantes, travaille à mettre en application les engagements pris par la profession. L’idée étant de soumettre les pratiques traditionnelles à une analyse afin d’enclencher les leviers d’amélioration existants, de travailler en collaboration pour permettre une bonne circulation des matériaux et réfléchir collectivement à des nouvelles approches.

Le bio-mimétisme, nouveau modèle de construction ?

 

L’Homme s’est souvent inspiré de la nature pour dépasser certaines problématiques par l’innovation.  « L'architecture biomimétique n'a plus pour objectif unique de donner une mesure et une forme à l'espace, mais de développer des relations synergiques entre le bâti et son environnement », explique Natasha Chayaamor-Heil, Ingénieur de recherche à l’Unité Mixte de Recherche MAP 3495 Cnrs/mcc [4]. Plus que jamais, le bio-mimétisme constitue un axe de réflexion : suggérer la nature comme modèle pour la ville (matériaux auto-guérisseurs et auto nettoyants, façades bio-climatisées, ventilations passives, systèmes d’autorégulation, villes régénératives, optimisation des réseaux de transports…). Le bio-mimétisme s’installe comme un outil au service des villes afin qu’elles puissent s'adapter au mieux à leur environnement et leur évolution.

« Le biomimétisme n’est ni une filière, ni une discipline. Il s’agit d’une approche scientifique de transfert de connaissances de la biologie vers d’autres disciplines qui s’applique de ce fait à tous les domaines d’activités. Tant par la typologie du signal capté (accoustique, optique, chimique) que par les capteurs associés et les processus d’analyse et d’intégration de signaux, le vivant excelle dans la gestion de l’information et la communication », ajoute Kalina Raskin, docteure en biologie et Directrice Générale du CEEBIOS depuis 2017, un organisme dont le rôle est d’accompagner au développement du biomimétisme en France.

La réversibilité et mutualisation des espaces au service du développement durable

 

L’enjeu réside aujourd’hui dans la conception d’immeubles qui durent dans le temps et qui puissent s’adapter à tous types d’usages. Il est important de concevoir des bâtiments qui soient à la fois réversibles et flexibles pour éviter leur obsolescence à avoir à en reconstruire d’autres

Une autre manière de réduire l’empreinte carbone au moment de l’exploitation des bâtiments, c’est de mutualiser les espaces communs, les salles de réunion, l’auditorium ou les bureaux… en les mettant à disposition d’autres acteurs, entreprises, riverains ou associations. La méthode d’optimisation de l’immeuble de bureaux 24 heures sur 24 permet naturellement de limiter la construction de certains équipements ou espaces. Au-delà des matériaux biosourcés, l’avenir de la construction verte passe par une approche globale plus responsable dans la construction, la rénovation mais également l’utilisation des bâtiments.

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