Selon Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, la France devrait connaître la pire récession de son histoire depuis la Seconde Guerre mondiale. « Le chiffre de croissance le plus mauvais qui ait été fait par la France depuis 1945, c’est en 2009 après la grande crise financière de 2008 : -2,2 %. Nous serons vraisemblablement en deça […] C’est dire l’ampleur du choc économique auquel nous sommes confrontés », confiait-il devant le sénat. A l’instar de la restauration ou de l’automobile, le secteur de l’hôtellerie est tout particulièrement impacté par la crise sanitaire actuelle. Depuis la mise en place du confinement et l’immobilisation des populations, les hôteliers sont nombreux à avoir interrompu leurs activités.
En Europe, les hôteliers italiens ont été les premiers à fermer leurs établissements face à la propagation de l’épidémie. Une semaine plus tard, l’Espagne, la France et la Belgique ont suivi la même trajectoire. Première destination touristique au monde avec 90 millions d’arrivées en 2019, la France doit composer pendant les longues semaines de confinement avec l’arrêt des vols en provenance de plusieurs pays asiatiques puis avec la fermeture des frontières à l’entrée de l’espace Schengen. Ainsi, le tourisme d’affaires est également limité. Face à cette situation, les organisations professionnelles mobilisent plusieurs centaines d’hôtels en faveur des personnels soignants, routiers, et SDF. Dans un contexte de crise sans précédent, le nombre d'hôtels fermés à la fin du mois de mars dépassait les 18 000 pour le Groupement national des chaînes, soit plus de la moitié de son parc. L’hôtellerie étant en partie liée aux flux internationaux, une normalisation des taux d’occupation ne pourra être que très progressive.
Les indices boursiers font du secteur du voyage et loisirs l’un des plus affectés par la crise sanitaire. Ainsi, les grands groupes hôteliers comme Mariott, Hilton ou Wyndham ont pour la plupart décidé de reporter leur présentation des résultats financiers du premier trimestre. De son côté Accor estime le manque à gagner de « l’ordre de 20 M€ » sur l’excédent brut d’exploitation des deux premiers mois de l’année 2020…
Vers un retour à la normal en 2022 ?
Face à l’ampleur de la crise sanitaire, combien de temps faudra-t-il au secteur hôtelier pour se redresser ? A titre de comparaison, les crises financières de 2008/2009 et dans une moindre mesure des dettes souveraines en 2011/2012 avaient déjà lourdement touché l’hôtellerie. Avec le ralentissement considérable de l’activité économique, la fréquentation hôtelière avait logiquement été impactée. Taux d’occupation des chambres multiplié par leur prix, les RevPAR avait alors mis environ trois ans afin de revenir à leur niveau pré-crise en 2008. En effet, la fréquentation avait fortement progressé à partir de mars 2010.

Autre situation inédite qui a eu un impact direct sur le secteur : les attentats terroristes de 2015 et 2016 à Paris et en France. Dans un contexte anxiogène, les performances des hôtels avaient alors diminué. Deux années avaient été nécessaires pour retrouver un RevPAR au niveau pré-crise. De plus, le délai de planification d'un voyage devrait également freiner la reprise du remplissage des établissements. Cependant, à l’instar de la Chine, en période post COVID, les RevPAR repartiront progressivement à la hausse avec, dans un premier temps, le retour des clientèles domestiques, notamment au travers des salons, congrès, conventions qui avaient été reportés. Ensuite, les clientèles internationales devraient suivre après que les pays aient démontré leurs facultés à juguler les situations de crises.
Invité à s’exprimer sur Europe 1 le 29 avril, Roland Héguy, président de l'Union des métiers et de l'industrie de l'hôtellerie (Umih), s’était montré rassurant quant aux respect des mesures de sécurité sanitaires : « Nous pouvons donner toute la sécurité sanitaire nécessaire à l’ensemble de nos salariés et de nos clients. D’ailleurs, nous avons présenté un protocole de sécurité au gouvernement pour qu’il puisse le valider. En cuisine, en salle, dans les chambres, en réception... Nous avons anticipé tous les cas de figure pour protéger nos salariés et nos clients ». Cependant, de nombreuses entreprises de l'hôtellerie-restauration ne devraient pas rouvrir en 2020. « Si un restaurant accueille habituellement 30 couverts et ne peut en recevoir que 15 cette année, va-t-il ouvrir en 2020 ? Ce n'est pas sûr car là intervient la notion de rentabilité. Nous avons fait une étude, 15 à 20 % de nos entreprises ne rouvriront pas en 2020 », a-t-il ajouté. Par ailleurs, Les mesures de soutien du pouvoir d’achat des ménages prononcées par de nombreux gouvernements devraient avoir des effets bénéfiques pour le tourisme lors de la levée des mesures de confinement.
Participer à l’effort collectif
Le secteur de l’hôtellerie ne manque pas de participer à l’effort collectif. D’abord au sein même de la profession, les groupes hôteliers suppriment leurs frais de franchise et autres frais d'enseigne. Par ailleurs, plusieurs initiatives solidaires ont été observées au sein des groupes hôteliers. Des accords-cadres ont été signés entre l’UMIH, le GNC et l’Etat pour faciliter l’accueil des professionnels exposés. Plus de 40 000 chambres ont été mises à disposition. Malgré les impacts de la crise sanitaire, l’effort collectif pourrait bien s’avérer déterminant dans l’optique d’un retour à la normal quel que soit le secteur d’activité.
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