Les prochains mois seront pour de nombreuses entreprises l’occasion de repenser leur stratégie immobilière et de mesurer l’impact qu’aura eu la crise du COVID19 sur leur activité. Le déploiement du télétravail massif aura en effet permis à certaines d’entre elles de prendre la décision plutôt radicale d’en finir avec leurs bureaux pour laisser durablement leurs collaborateurs exercer leur activité en télétravail. D’autres en revanche, plus nombreuses, demeurent attachées à leur bureau et à ce qu’il incarne pour l’entreprise comme leurs collaborateurs. De quoi l’avenir du travail sera véritablement-il fait ? Quelles premières pistes sont à ce jour privilégiées par les utilisateurs ?

Le PDG et fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg (1), a annoncé le 21 mai dernier lors d’une conférence en ligne, vouloir être perçu comme l’entreprise la plus en avance sur la question du télétravail avant de présenter son plan de reprise. Ainsi, ce sont près de 95% des salariés du groupe qui poursuivront le télétravail jusqu’à la fin d’année et près de la moitié qui à moyenne échéance (5 à 10 ans) exerceront intégralement leur activité en télétravail. Jack Dorsey (2), PDG de Twitter a également annoncé autoriser certains de ses collaborateurs à « télétravailler à vie ». Les salariés dont la présence physique est requise, ainsi que ceux non conquis par le télétravail seront toutefois invités à revenir sur site. Le Groupe PSA par la voix de Xavier Chereau (3) DRH, a lui aussi indiqué lors d’un live sur LinkedIn, vouloir faire du télétravail « une règle et non pas une exception » pour les activités non reliées directement à la production. L’engouement est donc très fort !

Si les principales raisons évoquées sont le bien-être des collaborateurs et une nouvelle organisation plus en lien avec leurs attentes, en filigrane se dessinent des économies d’échelles pour les entreprises. Du moins à court terme…

L’agilité restera de mise et le flex-office semble être l’option à privilégier


En effet, si ces annonces sont perçues comme de petites révolutions, celle de l’entreprise IBM (4) en 2017 l’était tout autant. Après 20 ans de pratique du télétravail généralisé pour près de la moitié de ses collaborateurs… l’entreprise avait finalement décidé d’y renoncer. Une décision qui venait contrer le manque de créativité des équipes. Des faits corroborés par Google (5) qui la même année a conduit une enquête auprès de ses salariés sur le télétravail pour relever que celui-ci pouvait entraîner un manque d’enthousiasme, un sentiment d’isolement, un manque d’intérêt pour les réunions virtuelles, et de temps libre pour réfléchir à de nouvelles idées

Les RH de Yahoo (6) partagent cette analyse et viennent d’informer leurs collaborateurs par courrier de l’arrêt du télétravail et précisent que « Nous devons être un seul Yahoo! Et cela commence par être physiquement ensemble ». Une vision soutenue par Bertrand Jasson, Directeur Immobilier du Groupe Orange (7) qui confiait aux colonnes de Business Immo le 22 juin 2020 que « le bureau reste un outil stratégique pour notre entreprise. Avec le télétravail, nous perdons en créativité et en capacité à dépasser les problèmes qui se présentent. Je suis un « homme de couloir » et reste convaincu que nous avons besoin de nous rencontrer et nous confronter. »

À noter également que plusieurs grandes transactions se sont concrétisées depuis la sortie du confinement à l’instar d’EDF qui le 15 juin a renouvelé son bail commercial pour une durée de 12 ans ferme sur la Tour PB6 à la Défense (38 000 m²) (8). De même que Total (9) qui a donné le 20 mars le coup d’envoi pour la construction de son nouveau siège à la Défense à Paris (Tour The Links) pour lequel l’entreprise a signé un bail de 12 ans renouvelable.

Reste donc que le tout télétravail n’est pas une option rêvée pour tous les utilisateurs. L’agilité restera de mise et le flex-office semble être l’option à privilégier comme le précisent Accenture (8), Cap Gemini ou encore Devoteam. Les entreprises doivent être prêtes à pouvoir reconfigurer leurs locaux en cas de nouvelles crises et travailler davantage à l’exploitation de leurs m². De même, les salariés sont conscients que la pratique du télétravail et de conditions de travail plus flexibles imposent une transformation de leurs espaces de travail. Autant de sujets qui poseront donc un défi organisationnel dans les prochaines années.  

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