Face aux défis sanitaires, sociaux, environnementaux, économiques ou immobiliers, les villes doivent perpétuellement se réinventer. Aujourd’hui, la Covid-19 accélère le besoin de mixité des usages et l’immobilier offre des réponses adaptées pour accompagner les villes sur le chemin de la résilience. Riche d’interviews, d'analyses, d’exemples concrets et de perspectives croisées d’experts et de professionnels internationaux, le nouveau TrendBook, ville de demain, propose un éclairage sur les réflexions des nombreux acteurs qui œuvrent à travers l’Europe pour penser au mieux la ville de demain, qui se doit d’être inclusive. Décryptage des informations clés à retenir…

 

1 - La crise sanitaire révèle le besoin de proximité                      

La crise sanitaire offre aujourd’hui un nouveau paradigme avec le développement de nouvelles proximités, la diminution de la fréquentation des transports et de fait en offrant une réponse durable au défi climatique. Plus que jamais, la pandémie de la Covid-19 met la lumière sur la pertinence du concept de « ville du quart d’heure ». Pour répondre au défi de proximité tout au long des périodes de confinement avec la possibilité de se déplacer à seulement un kilomètre de son domicile, de nombreuses villes ont été amenées à s’interroger, notamment celles du C40, réseau mondial des villes pour le climat. L’axe sélectionné par rapport au Covid-19, n’est autre que la « ville du quart d’heure ». Ainsi, à l’instar d’autres villes, Milan, capitale économique de l’Italie et très durement touchée par la crise sanitaire, a tracé sa nouvelle feuille de route pour la période post-Covid sur la ville du quart d’heure et la mobilité en vélo avec pas moins de 35 kilomètres de routes qui seront transformées en pistes cyclables. 

 

2 - Vers un nouveau rapport au temps et à l’espace ?

Cette épidémie ouvre un nouveau rapport au temps et à l’espace. Ces dernières décennies, nous avons aménagé l’espace et les infrastructures pour gagner du temps. Or l’une des questions qui nous est aujourd’hui posée avec la crise sanitaire est comment aménager le temps, à savoir nos rythmes de vie et de développement urbain, pour gagner de l’espace. Lors du déconfinement, l’urbanisme tactique a montré ses potentialités. Des villes, et notamment Paris, se sont réappropriées des espaces de voiries et de stationnement par exemple pour recréer des espaces de convivialité en respectant les principes de distanciation physique, développer les mobilités alternatives, avec la création de pistes cyclables temporaires.

 

3 - La logistique urbaine gagne du terrain

La crise sanitaire vient plus que jamais renforcer le dynamisme du e-commerce. Ainsi, c’est tout le processus de logistique qui prend davantage d’importance dans les villes à travers l’Europe. Cependant, cette logistique urbaine s’accompagne de nombreux défis, à commencer par le dernier kilomètre de livraison. Les différents acteurs du secteur doivent donc faire preuve de créativité. Tout d’abord au sujet des infrastructures avec la mise en place de micro-dépôts, ou bien encore de bâtiments à usage mixte, combinant bureaux, logements et logistique. Concernant le fret urbain, il existe également des leviers d’amélioration. La mutualisation, ou bien la livraison de plusieurs commerces par un seul camion, figure en tête de liste. Par ailleurs, le transport urbain devrait évoluer vers la mobilité électrique afin d’améliorer la qualité de vie en centre-ville et lutter contre les émissions globales de CO2.

 

4 - L’économie circulaire s’intègre au modèle économique de la promotion immobilière

L’approche circulaire pense les bâtiments en termes de matières premières, déchets et ressources. La durabilité des bâtiments et de ses usages est au centre de la réflexion. Pour qu’elle soit la plus aboutie possible, la circularité repose sur l’engagement de tous les acteurs de l’acte de construire : maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, fabricants de matériaux, intervenants sur le chantier, professionnels des déchets, etc. Dévoilé en mars 2020 par la Commission européenne[1], un plan d’action contient des lignes directrices pour le BTP qui seront ensuite déclinées à l’horizon 2021 dans une « stratégie globale pour un environnement bâti durable ». Parmi elles figurent la révision du règlement sur les produits de construction avec la possibilité d’instaurer des exigences concernant la teneur en matières recyclées, l’élaboration de journaux numériques pour les bâtiments, ou encore l’utilisation du cadre d’évaluation Level(s) pour intégrer l’analyse du cycle de vie dans les marchés publics[2].

 

5 - Le biomimétisme, une clé pour répondre aux plus importants défis des villes

Le biomimétisme puise dans la nature de nouvelles façons de répondre aux besoins humains. Il s’appuie sur le vaste panel de solutions présentes dans le monde vivant, qui se sont d’ailleurs perfectionnées tout au long de leurs évolutions. Alors, comment intégrer la nature dans un modèle de ville ? Lorsque les architectes et l’ensemble des acteurs conçoivent une ville ou un bâtiment, doivent regarder l’écosystème local pour trouver l’inspiration. Dans un écosystème, différentes espèces sont interconnectées et interdépendantes en termes de flux de ressources. Il fonctionne, par ailleurs, entièrement à l'énergie solaire, le système étant zéro déchet tout en étant très productif. Les écosystèmes doivent donc servir de modèles aux villes.

 

6 - La tendance aux mobilités douces et transports électriques

Dans les villes européennes post Covid-19, le vélo connaît un véritable coup d’accélérateur avec la création de pistes cyclables temporaires. En août 2020, la European Cyclists’ Federation recensait dans toute l’Europe près de 3 000 km de pistes cyclables annoncés, dont 2 000 km réalisés[3]. Elles pourraient, si le succès est à la clé, être pérennisées et s’accompagner de nouveaux aménagements urbains (stationnements, véloroutes, centres de réannparation, etc.). Par ailleurs, plus de 7 millions de voitures électriques roulaient en 2019 dans le monde[4]. Le développement de cette mobilité, qu’elle soit collective ou individuelle, impacte fortement les infrastructures avec des alimentations à prévoir lors de la création ou la de réhabilitation des hubs de transports urbains et périurbains.

 

7 - Co-construction : les citoyens au cœur des programmes d’urbanisme ?

La co-construction permet aux habitants et aux acteurs locaux de peser sur les programmes d’urbanisme. Pour les collectivités, elle sécurise aussi les aménagements et limite les recours. Depuis dix ans, les plateformes de participation citoyenne se sont ainsi multipliées et ont renforcé, voire remplacé, les traditionnelles réunions publiques. Par ailleurs, apparus en Europe dans les années 2000[5], les budgets participatifs connaissent un nouvel élan grâce au digital. Lisbonne a été la 1ère ville européenne à utiliser le numérique pour piloter son budget participatif, dès 2008[6].

 

8 - Smart City : la technologie au service des utilisateurs

A travers l’Internet des objets (IoT), le numérique offre une multitude de solutions au service de l’urbanisme. Il s’agit de réaménager l’espace public, repenser les flux, ou bien encore améliorer la vie quotidienne. En effet, en mettant les données collectées au service de la performance, la smart city ouvre la voie à une gestion sur mesure et plus économe, tout en se tournant vers les utilisateurs. En 2010, Santander, en Espagne, a été choisie par la Commission européenne pour devenir « ville intelligente » pilote. Dix ans après, avec environ 20 000 capteurs installés, la municipalité a amélioré la vie quotidienne de ses 180 000 habitants en réduisant de 80 % les embouteillages et en réalisant 40 % d’économies d’éclairage[7].

 

9 - Des villes plus résilientes face au défi climatique

Aux quatre coins du globe, les projections climatiques prévoient pour les prochaines décennies une augmentation de la température, du niveau de la mer, mais aussi de la fréquence et de l'intensité d'événements comme les pluies, canicules[8]. Dans le monde, 70 % des villes sont affectées par le changement climatique[9].  A travers leur groupe de travail dédié à la résilience climatique des villes, des chercheurs de l’Université de Wageningue (Pays-Bas) ont formulé des préconisations qui reposent notamment sur l’identification des zones qui seront les plus affectées, le refroidissement des quartiers par une gestion intelligente des voies navigables urbaines, mais aussi la réduction des dommages causés par l'excès d'eau de ruissellement par la plantation d’arbres[10]. De plus, les pratiques locales peuvent permettre l’émergence d’initiatives internationales. Créé en 2005, le C40 regroupe désormais 96 des plus grandes villes du monde pour les aider à reproduire, améliorer et accélérer l’action climatique[11].

 

10 - La mixité des usages et des espaces en tête de liste des réflexions

Plus que jamais, les villes doivent s’adapter à la crise sanitaire qui révèle l’importance de s’interroger sur la mixité des usages et des espaces. En effet, la pandémie de la Covid-19 favorise la réversibilité des espaces et des infrastructures. A Berlin par exemple des discothèques accueillent des expositions[12] ou deviennent bars-restaurants[13]. Calibrées pour absorber des flux massifs dans un sens puis dans l’autre, les infrastructures de transports et les bureaux s’adaptent également à de nouveaux rythmes et des modes de travail. Cette superposition d’usages crée des lieux des possibles. Au plus fort de la pandémie, des hôtels, résidences ou bateaux mouche se sont reconvertis en logements de soignants ou de sans-abris, des usines ont adapté leur chaîne de production, des fablabs ont fait tourner leurs imprimantes 3D pour fabriquer des respirateurs[14]. Et demain ? Le concept de « territoire ressource » pourrait dessiner l’avenir des villes.

 

>>> Voir nos autres études de tendances

GARDER DE L'AVANCE

LIRE NOS AUTRE ACTUALITES

Dessous des Berges à Paris
Territoires

85 rue du Dessous des Berges à Paris, une reconversion immobilière vertueuse

L’immeuble de bureaux situé au 85 rue du Dessous des Berges à Paris va devenir un établissement d’enseignement supérieur. Poursuivant sa stratégie de valorisation patrimoniale, la filiale Investment Management de BNP Paribas Real Estate (REIM) transforme un des actifs phares de sa SCPI France Investipierre.

Lire la suite
Vue sur salle d''un auditorium
RSE

Réemploi et économie circulaire : le recyclage au secours de la ville durable

Face aux défis environnementaux, le réemploi et l’économie circulaire se positionnent comme des solutions clés pour une ville durable. Cet article examine comment recycler et réutiliser les matériaux de construction pour réduire les déchets et l’empreinte écologique. Il illustre des exemples concrets et innovants qui transforment la gestion des ressources urbaines tout en stimulant l’économie locale.

Lire la suite
Vue sur un jardin
RSE

Renaturation urbaine : la biodiversité, un enjeu pour la ville durable

Cet article explore l’importance de la biodiversité dans les environnements urbains. Il met en lumière comment la renaturation urbaine transforme les villes en écosystèmes durables, favorisant une meilleure qualité de vie et une résilience accrue face au changement climatique. L’objectif est de réintroduire la nature en ville, grâce à des initiatives comme les toitures végétalisées, les corridors écologiques, et les parcs urbains.

Lire la suite