Si la crise sanitaire a pu souligner la résilience de notre système dans de nombreux domaines (logistique, télétravail, technologies, commerces de proximité, communication...) elle a également mis en exergue quelques dysfonctionnements que nous nous devons de considérer comme autant de voies d'amélioration pour l'avenir. L'urgence climatique reste une préoccupation majeure qui se trouve renforcée dans un contexte où les priorités se recentrent sur l’essentiel. Une volonté de mieux consommer et de mieux produire, et ce de façon plus équitable et locale semble se confirmer avec la crise, qui agit comme un véritable catalyseur des processus déjà en cours. Il s'agit également de mieux se déplacer, dans une logique sanitaire, écoresponsable et durable. Et si cette crise était l'occasion de bouleverser nos habitudes et de démocratiser durablement l'usage des mobilités douces ?

Répondre aux normes sanitaires

 

Actuellement, la raison principale de l’usage des mobilités douces réside dans le fait de respecter les mesures de distanciation sociale afin d'éviter la propagation du Covid-19, et ce dans un contexte où les déplacements sont limités. La voiture individuelle apparaît certes comme une solution pragmatique, mais son usage systématique, notamment dans les zones urbaines et les grandes métropoles ne répond plus aux critères de développement durable ou de consommation responsable. Tant que le vaccin ne sera pas disponible, les usagers devront trouver des alternatives aux transports collectifs qui pourraient bien perdurer sur le long terme et devenir la norme.  A Paris, Catherine Guillouard, Présidente de la RATP a annoncé que le cahier des charges sanitaire pour la reprise des transports en commun était attendu pour les prochains jours, mais elle appelle cependant les entreprises à continuer le télétravail.

Selon une étude publiée par l'Organisation Mondiale de la Santé en 2019, la pollution de l'air causerait près de 800 000 morts par an en Europe, 2,8 millions pour la Chine et 8,8 millions dans le monde. Ces chiffres confirment la nécessité de réduire radicalement la pollution, notamment ceux des transports qui représentaient 25% des émissions de CO2 en 2016 (source : futurascience).

 

Les mobilités douces, individualisées et partagées apparaissent pour l'instant comme la meilleure façon de répondre aux problématiques sanitaires et écologiques à condition de conserver nos habitudes après la crise.

Intégrer la biodiversité aux infrastructures de transports

 

Selon Serge Morand, chercheur au CRNS, écologue et parasitologiste, la perte de la biodiversité est en partie responsable de la propagation des agents pathogènes. « Les liens s’intensifient entre le monde sauvage et le monde domestique. […] Plus la biodiversité est forte, plus il y a de microbes circulant à faible bruit, c’est-à-dire que ces derniers se transmettent mal. Mais lorsque la biodiversité chute souvent à cause de la réduction de l’habitat sauvage, nous favorisons les contacts et la transmission », déclarait-il le 17 mars dernier dans une interview..  

En somme, la destruction des habitats naturels partout dans le monde et ce à cause, entre autres, de l'étalement urbain, de la pollution et de l’artificialisation des sols (dont les infrastructures liées aux transports font partie ; routes, parkings, trottoirs...), accentue la raréfaction de l'habitat des animaux sauvages. De fait, leur population diminue et c'est en perdant leurs "hôtes naturels" que les virus se propagent plus facilement chez les animaux domestiques puis chez l'Homme. Nos sociétés modernes étant denses et ultra-connectées, la propagation se fait d'autant plus rapidement.

Des mesures concrètes partout dans le monde.

Les métropoles et les états n'ont pas attendu le déconfinement pour mettre en place des solutions adaptées à la mobilité de demain. La ville de Milan a ainsi annoncé un plan ambitieux pour transformer 35km de rues en zones cyclables et piétonnes. La ville de Bogota a créé en une nuit pas moins de 117 km de pistes cyclables supplémentaires pour favoriser l'application des mesures de distanciation sociale. Glasgow a ouvert un dispositif de vélopartage gratuit pour le personnel soignant. Berlin a doublé la largeur de ses pistes cyclables pour répondre au trafic en augmentation des vélos. La région Île-de-France n'est pas en reste avec un budget de 300 millions d'euros débloqués pour mettre en place un dispositif multimodal et ouvrir 650 kilomètres de pistes cyclables supplémentaires après le confinement. Les exemples sont nombreux et témoignent d'une capacité à répondre à l'urgence tout en préparant l'avenir pour une mobilité plus propre et plus responsable.

Retour en force du vélo

 

« Tout le monde s'accorde à dire qu'après l'épidémie il y aura un rejet collectif des transports en commun », déclarait Pierre Serne (ancien vice-président de la région Île-de-France) au micro de France Inter le 15 avril dernier. « Si on ne veut pas prendre le métro, le bus ou le car pour se rendre au travail par crainte de la contagion, il faudra bien qu'on puisse se déplacer ». Certes, les transports en commun sont indispensables dans les villes pour assurer le déplacement des usagers et garantir une certaine fluidité. Il faudra toutefois compter sur une méfiance légitime qui, dans un premier temps, devrait conforter l'usage des transports individuels. La première phase de déconfinement sera certainement progressive et confortera le télétravail pour de nombreuses personnes ce qui devrait réduire le nombre d'usagers.

 

Cependant, c'est bien le vélo qui semble apparaître comme le symbole de cette transition. Peu coûteux, accessible facilement en usage partagé, favorisant la pratique d'une activité physique, bénéficiant d'infrastructures déjà en place dans de nombreuses villes, non polluant, silencieux et individuel, il répond à de nombreux critères et devrait confirmer un succès déjà renouvelé ces dernières années. Ses alternatives comme la trottinette devraient également être très sollicitées.

La multimodalité et le collaboratif comme solutions efficientes

 

Bien entendu, le vélo ne saurait être suffisant pour répondre aux besoins de tous. Il faut également penser aux zones rurales et faiblement desservies, aux personnes à mobilité réduite, aux familles nombreuses ou aux personnes devant transporter du matériel... Les transports collectifs auront alors leur rôle à jouer à condition que les normes sanitaires soient bien respectées. Combiner les différents moyens de transport permettra de bénéficier de leur complémentarité et d’éviter une saturation des réseaux.

 

Les nouvelles technologies auront bien entendu leur rôle à jouer pour optimiser ces nouveaux usages et peut-être adapter leurs services en fonction de la récente crise sanitaire. On peut imaginer que le temps de trajet devienne secondaire et que la priorité soit de réguler la fréquentation des hubs de mobilité. Tout reste à imaginer bien entendu, mais dans un contexte d’urgence et d’expérimentation, nous devons tirer profit de ce qui a fonctionné. On pense par exemple au télétravail, pratique qui impactera elle aussi l’usage des mobilités à l’avenir… 

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