Une récente étude Ifop pour BNP Paribas Real Estate publiée au mois d'avril 2020 révèle que 65% des Français ont un recours croissant aux commerçants de quartier pour soutenir financièrement ces derniers. 94% des personnes interrogées qui achètent plus souvent que d’habitude à leurs commerçants de quartier durant le confinement souhaitent faire perdurer, voire renforcer cette habitude à l’issue de la crise. Une belle preuve de solidarité qui s'illustre ici par la consommation mais ressurgit également dans de nombreux autres secteurs. Des entreprises ont fait de généreuses donations aux hôpitaux, le gouvernement a réactivé des mécanismes d’aide dépassant largement ses fonctions régaliennes, des hommes et des femmes ont cousu des masques pour leur communauté... bref, de partout, des liens se sont reconstitués, comme ce geste symbolique où voisins de palier se retrouvent à la fenêtre pour applaudir chaque soir le personnel soignant.

Un ralentissement qui ne sera malheureusement pas sans conséquence sur l’économie mais qui aura eu le mérite de conforter des alternatives et des réflexions antérieures à la crise sanitaire. Chaque crise permet à un système de faire une introspection bénéfique qui verra émerger de nouvelles habitudes et de nouveaux comportements pour un modèle plus résilient, car plus solidaire.  

Se recentrer sur l’essentiel

 

La crise sanitaire a vu ressurgir certains comportements « essentialistes », bousculant ainsi l’ordre des priorités dans un contexte d’urgence. Préserver des vies, contenir la pandémie, trouver un remède, assurer la production et la livraison des biens de première nécessité… autant de secteurs « discrets » dont la fonction primordiale fut ici mise en lumière. Le sociologue Émile Durkheim l’expliquait déjà à la fin du XIXe siècle dans son recueil De la division du travail social où il évoquait la « solidarité organique » comme paradigme des sociétés modernes.

Si l’on compare la société à un corps humain, chaque organe spécialisé travaille en interdépendance et lui permet ainsi de fonctionner correctement. En cas de soucis, ce sont les fonctions vitales qui doivent être préservées en priorité, ces fameux organes invisibles sous le « tissu social » qui font « corps ». La cohésion sociale est alors fondée sur l'interdépendance des individus entre eux, ce qui favorise par ailleurs la division du travail et la spécialisation des professions. Durkheim démontrait qu’à un certain pic critique d’individualisation, la société pouvait s’exposer à un dysfonctionnement, car trop « atomisée » et déconnectée d’elle-même. Il prescrivait alors un renforcement des instances communautaires (écoles, familles, administrations, entreprises…) autour de valeurs qui rassemblent et qui cultivent la solidarité et l’empathie. Une forme d’intelligence collective en somme.

Dans ses dernières déclarations, le président Emmanuel Macron appelait à des « décisions de rupture » (source : leparisien.fr) afin de garantir les services vitaux pour la nation. « Ce que révèle d'ores et déjà cette pandémie, c'est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe ». La relance de l’économie passera donc par des transitions à amorcer, consolidant les liens de solidarité essentiels pour le bon fonctionnement de la société.

On pense alors à des dispositifs pour la finance responsable que la RSE prend sérieusement en considération au sein même des entreprises, mais également, et c’est inévitable, à l’écologie. Les leviers sont nombreux, il faudra continuer à les activer et à en inventer de nouveaux.

Est-il vraiment possible de revenir à la « normale » ?

 

Le civisme sera de loin la forme la plus « sommaire » des solidarités, car elle en produira de nouvelles. Le simple fait de respecter les gestes barrière, l’application des mesures d’hygiène et la tolérance envers les personnes plus fragiles ou anxieuses dans un tel climat seront un pacte tacite pour nous permettre de mieux vivre ensemble.

La normalité est un concept bien relatif mais sur lequel on peut se mettre collectivement d’accord pour partager des espaces communs. Or, il semblerait que cette épidémie ait structurellement changé notre rapport à ces espaces et aux autres. Si l’on en croit les théories évolutionnistes, les animaux qui survivent sont ceux qui s’adaptent à un contexte, un choc, un danger, un bouleversement systémique… Cette capacité l’humain l’a toujours eu, en apprenant de ses erreurs, en transformant et en améliorant ses modes de vie. Mais la collaboration est aussi motrice de la résilience, de la croissance et de la créativité.

Nous avons assimilé de nouveaux comportements qui risquent de s’inscrire durablement. Se posent alors des questions à tous les niveaux ; « comment mieux consommer ? », car l’acte d’achat, quand on en a la possibilité, est un choix qui impacte toute une chaine de production et nous relie indirectement à nos pairs. « Comment mieux se déplacer ? », « Comment mieux travailler ? », en somme : « Comment mieux vivre ? ». Si l’aspect existentiel de ces questions pouvait faire l’objet de travaux philosophiques, elles ont une dimension empirique qui implique tous les acteurs de notre économie et impacte aussi bien les secteurs retail, de la logistique, de la mobilité et plus globalement de la ville de demain.

Cette solidarité s’est depuis longtemps incarnée dans des outils technologiques nous donnant accès aux informations en temps réel et à leur partage. Leur présence aura par ailleurs été cruciale durant cette période de confinement avec la mise en place d’un télétravail massif et le maintien du contact avec nos proches.  Elles continueront à jouer un rôle structurant, assurant notre sécurité, notre performance et notre socialisation.

Au-delà des incertitudes sanitaires et économiques, nous serons amenés à nous questionner. « La question c'est de savoir comment on fait pour réinventer ce modèle. Les mesures économiques et les aides qui seront versées aux entreprises à l'issue de la crise peuvent être un vecteur de transformation, et ne pas seulement servir à compenser les pertes pour revenir à la situation d'avant. L'État va devenir un planificateur économique et investir des centaines de milliards d'euros », déclarait François Gemenne, membre du Giec, pour Le Point en mars dernier au sujet de la transition écologique post-covid. Une déclaration applicable à tous les secteurs et centrale dans la question du maintien des dynamiques de solidarité.

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