Si le télétravail connaît un succès croissant depuis quelques années, son assimilation s'est faite progressivement, à mesure que les outils technologiques permettaient de travailler de façon plus efficace à distance. Avec la crise sanitaire actuelle du Covid-19, les entreprises et leurs salariés ont dû s'adapter dans l'urgence, sans phase de transition et avec de nombreuses difficultés à surmonter lors des premières semaines. Cette crise a accéléré d’un coup le télétravail qui se développait. Cette expérience « contrainte » sur une large échelle de la population aura au moins permis de tester la résilience des serveurs et des réseaux mais aussi l'organisation managériale de l'entreprise appliquée à cette situation particulière et inédite.

 

D'après une récente étude menée par l’IFOP pour BNP Paribas Real Estate, 41% des Français estiment que cette période de confinement a eu un impact positif sur leur perception du télétravail. Peut-on d'ores et déjà en tirer des conclusions ou faut-il attendre le retour à la « normale » pour éprouver ce ressenti « à chaud » ?

 

Si le retour au bureau se fera de façon progressive et limitée, la distanciation sociale risque d'impacter l'inconscient collectif et d'influencer nos comportements en communauté. Les fonctionnalités de l'immeuble de bureau, toujours nécessaires et plébiscitées, devront toutefois évoluer et s'adapter en intégrant de façon plus coutumière le télétravail comme une réponse légitime à ces préoccupations.

Une réponse à des normes sanitaires plus exigeantes

 

De façon logique et prévisible, la crise sanitaire laissera des traces et marquera nos perceptions des lieux hautement fréquentés telles que les gares ou les stations de métro, mais aussi les open spaces, les halls et les restaurants d'entreprise... Dans un premier temps, le déconfinement se fera de façon progressive et certaines personnes auront une appréhension légitime à retourner au bureau. Le télétravail restera alors clairement l'alternative la plus logique et perdurera certainement dans le temps, d'autant plus si des crises similaires se reproduisent à l'avenir ou si des événements (climatiques, sociaux...) viennent perturber l'usage des transports. Aujourd'hui c'est certain, les entreprises sont prêtes techniquement et sauront proposer des outils toujours plus performants aux collaborateurs pour anticiper l'avenir.

Une source de bien-être et de productivité

 

Bien avant la crise, beaucoup prônaient déjà les vertus du télétravail quand d'autres s'interrogeaient sur son efficacité. Dans une économie tournée vers les services et une home technology toujours plus performante, les outils de « production » ne sont plus nécessairement annexés à l'immeuble et se dématérialisent. Si les travailleurs indépendants furent certainement les premiers ambassadeurs du télétravail, la fluidification des outils de communication a convaincu de nombreux salariés, et ce même jusqu’au moins digitalisés d’entre eux. D'après l'observatoire Actineo et son baromètre de 2019, plus de la moitié des Français (53%) ont travaillé occasionnellement ou régulièrement hors des locaux de leur entreprise l'année passée. La réduction des temps de transport, la flexibilité des horaires, la capacité à rester concentré sur une tâche plus longtemps ou encore l'optimisation des temps de réunion se révèlent être de précieux arguments pour ceux qui en ont fait l'expérience.

 

Le confort d'un espace dédié à la maison et quelques heures de sommeil en plus, influencent fortement l'humeur et les capacités cognitives. Les chiffres le confirment, 36% des sondés placent la suppression des temps de transport comme le fait le plus appréciable du télétravail, 18% préfèrent la souplesse des horaires et 17% le calme du home office (Source : étude Ifop, Avril 2020 pour BNP Paribas Real Estate).

Il est toutefois utile de rappeler que la situation exceptionnelle du téléconfinement ne saurait simuler les conditions habituelles. Le télétravail permanent et quotidien ne semble pas souhaitable et envisageable. Toujours d'après la même étude, la séparation distincte entre la vie professionnelle et personnelle qu'offrait le bureau est un des éléments les plus regrettés en cette période de confinement (29%). Les effets négatifs du télétravail sont d'autant plus ressentis que le nombre de jours de télétravail est élevé, explique l'étude de l'Observatoire du télétravail publiée en mai 2018. « L'augmentation de la charge de travail est ressentie par 25 % des salariés qui télétravaillent plus de deux jours par semaine, et 13 % pour les salariés télétravaillant un ou deux jours ».

Un bilan positif pour l'environnement sous certaines conditions

 

L'usage modéré des transports individuels impacte significativement et de manière positive l'environnement. Selon la Consumer Electronic Association (CEA), qui regroupe les principales entreprises de l'électronique américaines, le travail à distance permettrait d'économiser 3,2 milliards de litres d'essence et 9 à 14 milliards de kilowatts-heure (kWh) d'électricité par an. Il réduirait également le rejet de 14 millions de tonnes le CO² dans l'atmosphère. Le télétravail est par ailleurs encouragé par la Loi Transition Énergétique. En effet, les accords de Paris adoptés en 2015 ont souligné différents leviers d'action pour atteindre les objectifs que se sont fixés les états et les entreprises. Le travail à distance en est un parmi d'autre et l'étude du cabinet B&L évolution, spécialiste des questions RSE et de la biodiversité, recommande « le télétravail à raison de 2 jours par semaine pour toutes les personnes qui utilisent leurs véhicules pour se rendre sur leur lieu de travail, et habitant à plus de 10km » (source : loptimiste.pro).

 

Le même cabinet explique toutefois dans un article publié sur son site pendant la période de confinement, que le télétravail quotidien nécessite de reproduire les pratiques RSE déjà en place dans certaines entreprises afin de limiter notre impact sur l'environnement. La sobriété numérique est donc fortement recommandée, même à la maison. L’impact environnemental du numérique représente 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2018 et sera amené à doubler d’ici 2025 (d'après une étude de Lean ICT pour une sobriété numérique, rapport du think tank The Shift Project, octobre 2018).

L'immeuble de bureau comme ciment de la culture d'entreprise

 

Nous l'avons vu précédemment, le télétravail est souhaitable et souhaité à condition qu'il soit encadré et mis en place de façon modérée et selon le bon vouloir des collaborateurs. L'immeuble d'entreprise reste un lieu de sociabilisation, de repère et offre un équipement technologique que le home office ne permet pas. Par ailleurs, si le télétravail est apprécié « tous les télétravailleurs n’ont pas tous la possibilité de dédier un espace à leur activité professionnelle au sein de leur logement. De nouvelles formes de tiers lieux devraient prochainement voir le jour pour combler ce besoin » indique Sylvain Hasse, Head of Corporate Services at BNP Paribas Real Estate.

De plus, comme le résumait parfaitement bien l'écrivain de science-fiction Alain Damasio pour Libération le 31 mars 2020 : « Des études ont montré que dans un échange en face-à-face, 70 % de ce qui passe de l’un à l’autre relèvent du non-verbal. Ce qui signifie en creux qu’un échange par texto, par chat, sur un fil de conversation ou par courriel transmet à peine un tiers de ce qu’un dialogue véritable peut faire passer. Il y manque les sourires, les mimiques, les inflexions d’une voix, le charme, la tension. On peut rétorquer que les applis vidéo compensent une partie de ce manque ; mais la vidéo ruine aussi les trois dimensions, aplatit les visages, altère la voix, élimine les parfums, le toucher, la chaleur, supprime le magnétisme d’une présence. On se comporte comme si le fait de pouvoir véhiculer le contenu informatif de l’échange suffisait à assurer l’échange, peu ou prou. Et, au fond, à le remplacer. Mais la techno ne remplace rien : elle simule ».

télétravail_homme_chien

 

Le contact humain reste donc la pierre angulaire de la collaboration et confirme le rôle majeur que l'immeuble de bureau aura encore à jouer à l'avenir. Cette hybridation organisationnelle se traduira d'ailleurs certainement par un nouvel essor d’espaces de tiers-lieux, partenaires essentiels du travailleur de demain.

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