Méthode agile, digitalisation des entreprises et des compétences, intrapreneuriat, open innovation, porosité de la vie professionnelle et de la vie personnelle… le monde du travail vit une véritable révolution. À la fois cadre et support de l’expérience de travail, l’immobilier se libère et se décloisonne pour proposer toujours plus de typologies d’espaces adaptés aux modes de travail et temps de vie des collaborateurs : flex office, coworking, desksharing, fablab, etc. Ce phénomène d’hybridation, où la notion d’espace devient plurielle, apparaît comme un levier majeur de la transformation des entreprises, un outil stratégique qui va bien au-delà des dimensions spatiales.
La mobilité : nouvelle vision de l’entreprise
La mobilité implique un changement de paradigme dans le monde du travail. De l’internationalisation des entreprises à l’ultra-connectivité, de plus en plus de collaborateurs ont l’opportunité de travailler à distance. Ce phénomène de nomadisme est d’ailleurs très prisé des nouvelles générations, adeptes du travail à domicile ou dans les tiers-lieux. On constate aujourd’hui que cette jeune population ne cherche plus nécessairement à séparer sphères professionnelle et privée et reste à l’affût d’un environnement de travail qui lui ressemble. À la confluence de ces tendances, l’entreprise s’adapte et se restructure pour laisser de plus en plus d’autonomie et de liberté aux équipes. Côté modèle d’organisation, elle revoit ses modes de fonctionnement en délaissant le management vertical traditionnel au profit de la transversalité. Côté aménagement d’espaces, elle mise sur l’agilité et capitalise sur cet éclatement de l’unité spatio-temporelle.
De mon point de vue, l’entreprise y trouve son compte. Comme le démontre de nombreuses études, travailler dans cette pluralité d’environnements libère la créativité, le travail en mode collaboratif, le bien-être des salariés et participe à l’efficacité et la productivité. Cette nouvelle donne représente également un avantage concurrentiel pour attirer de nouveaux talents et fidéliser les collaborateurs existants.
Créer un parcours utilisateurs le plus riche possible : hors les murs…
De plus en plus d’organisations proposent autant d’espaces qu’il y a de modalités de travail dans une journée. Principale illustration de ces changements, le « travail hors les murs » qui met à disposition des collaborateurs des configurations d’espaces variées comme le travail à la maison, les tiers-lieux ou le coworking. Le travail à la maison est un sujet d’actualité dans de plus en plus d’entreprises. À la fois plébiscité par les collaborateurs et les employeurs, il offre une plus grande autonomie et serait le gage d’une meilleure efficacité. Cependant, ce modèle a aussi montré ses limites. Il suffit de se pencher sur les exemples d’IBM et de Google, qui se sont rendu compte que le télétravail pratiqué trop de jours par semaine constituait un frein à l’échange et à la collaboration entre collègues.
Halls de gares, d’aéroports ou d’hôtels, les tiers-lieux représentent également une alternative au bureau. En prenant en considération le temps passé dans les déplacements, les entreprises incitent leurs collaborateurs à investir ces lieux de transit.
Autre exemple de tiers-lieux qui prend de plus en plus d’ampleur, le coworking propose une nouvelle expérience à son utilisateur. Alors que les premiers adeptes étaient des freelances, des créateurs d’entreprise ou des start-up, les grandes entreprises s’y mettent. Lieux de travail fiables et confortables, basés sur la convivialité, le coworking représente une expérimentation de nouvelles méthodes de travail. Ce modèle constitue également une alternative à la location classique de bureaux appréciée par les entreprises qui ne souhaitent pas s’engager sur des baux fermes et investir dans l’achat d’équipements.
…Et dans les murs
Cette tendance d’hybridation des espaces s’opère également à l’échelle de l’immeuble, des sièges sociaux. Avec la multiplication des tiers-lieux, il faut continuer de donner envie aux collaborateurs de venir au bureau pour ne pas perdre l’esprit d’entreprise. Je constate que les dirigeants exigent de plus en plus d’espaces de travail, immédiatement praticables, personnalisables et modulables à l’envi. Conçu pour s’adapter aux différentes missions du collaborateur au fil de la journée, le flex office, qui signe la fin du poste de travail systématiquement attribué, en est la parfaite illustration. Espaces de réunions informelles, de concentration, de communication, de sociabilisation, de relaxation, de créativité, de services, le flex office offre une pluralité d’espaces en fonction des besoins.
Avec cet aménagement d’espace, on assiste à une reconnexion entre espaces et usages.
Certaines entreprises vont encore plus loin dans cette démarche de flexibilité. Elles se tournent vers le corpoworking en créant leur propre espace de coworking au sein même de leur immeuble. Casser les silos, limiter les temps de transport, favoriser le collaboratif mais aussi disrupter les modes de pensée font notamment partie des objectifs majeurs de cette approche. Les entreprises amènent ainsi directement chez elles l’esprit et les modes de travail du coworking.
Le bureau traditionnel est bousculé par une approche plus holistique du travail. L’espace-temps classique du travail est en train de disparaître. Ces nouveaux modèles réinventent l’art de travailler en laissant libre court à une galerie d’expériences et une myriade d’organisations. Si le processus de transformation et de conduite de projets relèvent de la même méthodologie, les attentes d’une organisation de 100 000 collaborateurs dans le monde sont forcément différentes de celles d’une jeune pousse de la nouvelle économie. Il nous appartient donc en tant que professionnels de l’immobilier d’être suffisamment à l’écoute de nos clients pour placer le curseur au plus près des besoins et pas forcément de la tendance.
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